Les Matinales sont des tables rondes organisées au Mucem du mercredi au dimanche. Chacune porte sur un argument d’actualité. Un intervenant choisi pour son expérience ouvre les débats auxquels participent des cinéastes, des critiques et des professionnels du cinéma. Les Matinales sont ouvertes au public.

Toutes les matinales auront lieu à 10h00 au Mucem – Espace I2MP – Salle Khamsin (201 quai du Port – Entrée Fort St Jean).

Mercredi 15 avril – 10h00 : Le cinéma comme expérience du territoire
En partenariat avec Image de ville

Intervenant : Luc Joulé (a cofondé en 2003 le festival du film sur l’architecture et l’espace urbain à Aix-en-Provence. Luc Joulé assure la direction artistique du festival. Il est également cinéaste)
Participants : Djamil Beloucif (cinéaste) – Brigitte Bertoncello (géographe, urbaniste) – René Borruey (historien de l’architecture et des territoires).

Qu’il s’agisse d’un pays ou d’une ville, d’un espace naturel ou urbain, le cinéma peut en révéler des dimensions invisibles au premier regard, les interroger, aider  à voir et à entendre ce qui s’y joue. Cela suppose de prendre à bras-le-corps ce territoire. De s’y engager entièrement et en profondeur. Plutôt que de se contenter  de l’observer de loin pour reproduire, une fois de plus, la même image. Le cinéma devient alors l’expérience d’un territoire, de son « relief », de ses vides et de ses pleins, la recherche des mouvements, plus ou moins visibles, qui y sont à l’œuvre. Il donne ainsi à voir un rapport vivant au territoire. À l’opposé d’un simple décor, il devient la matière même du cinéaste qui l’arpente pour l’inventer. Et dans ce même mouvement, des récits qu’il imagine, le cinéma participe au mouvement de ce territoire.

Il est singulier de constater que cette « prise de position » participe également de ce qui se joue sur la question du développement des villes et des territoires. Plutôt que de reproduire des formes maintes fois reproduites ici comme là, une plus grande attention au « génie du lieu » ne doit-elle pas être portée ? Ne doit-on pas faire confiance aux imaginaires en devenir dont recèle un territoire plutôt que d’y plaquer, en guise d’avenir, des récits « hors sol » ?

Jeudi 16 avril – 10h00 : Le cinéma et le politique

Intervenant : Gassan Salhab ( né à Dakar, Sénégal. En dehors de ses propres réalisations, collabore à l’écriture de scénarios, et enseigne dans différentes universités au Liban. Il a réalisé six longs métrages)
Participants : Saad Chakali (critique), Jilani Saadi (cinéaste), Joao Canijo (cinéaste)

Le cinéma et le politique ou : le cinéma est politique ? Le cinéma est ce geste politique, ce mouvement qui essaie de penser le monde, autant celui extérieur que celui intérieur, autant celui du fini que de l’infini, du tout et de l’infinitésimal. Mais qu’en est-il dans son rapport au politique ?

Vendredi 17 avril – 10h00 : « Diffusion : la somme et le reste »

Intervenant : Tamer El-Saïd (cinéaste et directeur de la Cinémathèque du Caire)
Participants : Quentin Mével (critique, enseignant) – Yassine Qnia (cinéaste) – Daniel Ziskind (producteur, distributeur)

Pour qui suit de près l’actualité économique du cinéma, il est aujourd’hui évident qu’une grande partie de la production cinématographique a de moins de moins de chance d’avoir une place dans les circuits de diffusion traditionnels. Il se trouve que les films les plus lésés sont les moins formatés, les plus singuliers, les plus novateurs. Combien de films arabes produits ces dernières années sont passés par pertes et profits de la distribution commerciale et, plus grave encore, des grilles des festivals y compris les plus ambitieux d’entre eux. Crise économique, peur du nouveau, manque de courage ou simplement incapacité d’appréciation ? De nombreux jeunes cinéastes maghrébins, ou du Moyen-Orient, qui nous proposent depuis une dizaine d’années d’excellents films, sont absents du paysage cinématographique. Pire encore, certains des cinéastes plus âgés qui ont pu occuper naguère une certaine notoriété sont aujourd’hui oubliés. Ne faut-il pas inventer de nouveaux circuits, de nouvelles modalités de diffusion ? Mais lesquels ?

Samedi 18 avril : Le cinéma dans la Cité

En partenariat avec l’ACSÉ
Intervenant : Tahar Chikhaoui ( Universitaire et critique de cinéma. Il est le délégué général des Rencontres Internationales des Cinémas Arabes)
Participants : Élisabeth Leuvrey (cinéaste) – Pierre Poncelet (Lieux fictifs) – Sandrine RICO BOURET (Psychologue, Secrétaire de l’Association MASSILIAZOOM) – Youssef Chebbi (cinéaste)

Au moment où la question culturelle revient, lancinante, sur la scène politique et sociale, à l’occasion de tel ou tel acte de violence mené au nom de la religion, de l’identité, ou de je ne sais quelle spécificité culturelle, nous sommes, nous autres acteurs associatifs, plus que jamais interpellés sur le sens même de notre action. Que peut en l’occurrence le cinéma contre les multiples dérives devant lesquelles nous semblons totalement impuissants ? Le travail de médiation que nous n’avons pas arrêté de mener en direction des élèves et des centres sociaux notamment dans les quartiers nord de Marseille nous a montré en effet, à l’occasion des multiples débats avec les jeunes, l’ampleur de la tâche.

Quand on sait choisir le film à montrer, quand on arrive à réunir les conditions d’un débat réel, et quand on se donne le temps d’écouter, quand on ne se presse pas de répondre de peur d’entendre ce qui déplaît, on pourra au moins ne serait-ce qu’à sa petite échelle laisser remonter à la surface les vrais termes du débat. Et la question de continuer à se poser de plus belle : que peut alors le cinéma ?

Dimanche 19 avril – 10h00 : Cinéma et littérature

Intervenant : Farouk Mardam-Bey ( dirige depuis 1995 le département Sindbad chez Actes Sud. Il est l’auteur ou le co-auteur d’une quinzaine d’ouvrages historiques, politiques, littéraires, culinaires ou bibliographiques.)
Participants : Lamine Ammar-Khodja (cinéaste) – François Beaune (écrivain) – Safaa Fathy (cinéaste et écrivaine) – Ghassan Salhab (cinéaste et écrivain)

Cette matinale voudrait d’abord revenir sur les différentes formes d’adaptation dans plusieurs pays arabes d’œuvres littéraires, arabes ou non, en essayant d’éviter le piège du jugement selon les seuls critères de « fidélité » ou d’ »infidélité ». On pourrait se poser par exemple la question de savoir pourquoi et comment, durant une période relativement longue, le cinéma égyptien a-t-il naturalisé, thématiquement et formellement, des romans populaires européens ? Quels types d’échanges/conversions les cinéastes ont-ils établi avec les textes des écrivains arabes contemporains ? Et, finalement, en les adaptant, dans quelle mesure le cinéma a-t-il promu ces œuvres, et la littérature en général, auprès du grand public ?